Les différents évènements de ces deux dernières années, et notamment la guerre en Ukraine pour la période la plus récente, ont fait prendre conscience aux Français de l’importance d’une souveraineté industrielle forte pour sécuriser des approvisionnements stratégiques et se détacher de la dépendance alimentée par une forte mondialisation. Un mouvement de promotion de la réindustrialisation s’est alors engagé, avec comme point d’orgue l’allocution du Président de la République et la présentation de sa vision économico-industrielle « France 2030 ». Emmanuel Macron rappelait à cette occasion en octobre 2021 : « Le premier sujet est la production d’énergie. Sur ce sujet, nous avons une chance, c’est notre modèle historique, le parc installé de nucléaire ». Une électricité décarbonée, à un prix compétitif, fiable grâce à son réseau de distribution moderne, un véritable atout de compétitivité indispensable pour l’industrie française.
Malheureusement, depuis plusieurs mois un réel risque de panne sèche plane sur cet élan de réindustrialisation du fait de l’explosion des prix de l’énergie. Une augmentation liée à plusieurs facteurs, et notamment l’arrêt de plusieurs de nos réacteurs nucléaires pour maintenance préventive ou curative (des soucis de corrosion ont été observés sur quelques réseaux de tuyauterie), l’augmentation du prix du gaz (en raison de la guerre en Ukraine) impacte le prix de l’électricité et provoque l’augmentation globale du coût de l’électricité sur le marché européen.
Une situation qui devient extrêmement critique pour les acteurs industriels français qui font déjà face à un déficit de compétitivité lié au coût du travail, à une fiscalité importante ou encore à l’augmentation du coût des matières premières du fait de la forte reprise économique mondiale post Covid. Le prix avantageux de l’énergie permettait jusqu’à présent aux entreprises industrielles françaises de se maintenir dans la course à la compétitivité dans un marché économique mondial très concurrentiel.
Une étude menée auprès des adhérents de la certification Origine France Garantie montre que les industriels observent une hausse moyenne de 65,5 % de leur facture énergétique depuis le début de l’année 2022. Une forte augmentation qui va imposer à court terme, aux entreprises de faire des choix pour maintenir leur activité. Baisser la production ? Répercuter le prix de l’énergie sur le consommateur final ? Les leviers d’action sont limités pour faire face à ce surcoût énergétique. Pour pallier à ces augmentations les entreprises sont obligées de s’engager auprès de leur fournisseur sur du long terme sur les prix négociés (parfois jusqu’en 2025), sinon les tarifs annoncés seraient équivalents à + 100 voir 150% par rapport à 2019/2020.
Alors que le Parlement européen à voté le 8 juin dernier le projet historique d’une taxe carbone aux frontières de l’Union européenne applicable sur les importations en 2027, tout est mis en œuvre pour redéployer un tissu industriel local. Une réindustrialisation dépendante d’une stabilité des prix de l’énergie afin de construire un modèle économique performant et compétitif.
La certification Origine France Garantie en partenariat avec les Forces Françaises de l’Industrie tient à alerter les pouvoirs publics sur cette situation critique pour la réindustrialisation. Il est indispensable d’engager des solutions à court terme pour le maintien raisonné du prix de l’électricité au risque de voir les industriels et le consommateur final en pâtir avec une augmentation des prix des produits fabriqués en France et des faillites en cascade. Il est également urgent d’investir massivement dans la production énergétique de façon à maintenir notre appareil productif d’énergie à la pointe et d’être le plus indépendant possible en la matière.