Lorsque la pandémie s’est installée, le télétravail est devenu la norme pour beaucoup de gens, ce qui a eu des conséquences inattendues. L’explosion soudaine de la demande d’outils permettant de travailler à domicile (ordinateurs portables, écrans, caméras, téléphones, etc.) a fortement accéléré l’augmentation tendancielle de la consommation de puces. Par conséquent, les fabricants se sont concentrés sur l’exécution de ces commandes, en plus de celles liées à l’adoption de la 5G et des technologies de l’Internet des objets (IoT).
Parallèlement, l’industrie automobile a prédit que le besoin de nouvelles voitures diminuerait drastiquement en raison des restrictions de voyage et des confinements instaurés dans de nombreux pays pour lutter contre la pandémie. Cette prédiction s’est réalisée : au plus fort du premier pic de la pandémie, à la mi-2020, les ventes de véhicules neufs ont chuté, de nombreux concessionnaires ont fermé leurs salles d’exposition et des usines automobiles ont été mises à l’arrêt. Cela dit, les ventes au détail de véhicules grand public ont rebondi bien plus vite que prévu ; en effet, il s’est avéré que beaucoup de gens préféraient prendre leur voiture plutôt qu’utiliser les transports publics ou les compagnies aériennes.
Fait intéressant, puisque les employés pouvaient travailler de presque n’importe où, la demande de véhicules de loisirs a augmenté de façon spectaculaire. Comme dans de nombreuses industries, les constructeurs du secteur ont été submergés de commandes, ce qui a eu pour effet d’accroître encore davantage les retards de fabrication et la pénurie de circuits intégrés (CI). Tous ces facteurs ont entraîné et continuent d’entraîner une augmentation de la demande mondiale de circuits intégrés automobiles.
Il ne fait aucun doute que la demande de microprocesseurs restera élevée tout au long de 2022, car le marché sera demandeur de produits plus intelligents, plus fonctionnels, connectés en permanence, de meilleure qualité et moins chers. Pour les industriels de l’électronique et des semi-conducteurs, la grande question est donc de savoir ce qu’il est possible de faire pour atténuer cette forte pénurie de puces.
La solution à long terme consiste bien sûr à construire davantage de sites de fabrication, mais cela prendra des années et coûtera des milliards, et c’est une méthode basée uniquement sur la force brute. De plus, il existe un risque que, à terme, on se retrouve à nouveau dans une situation de surcapacité. Chez Siemens, nous pensons qu’en 2022 les entreprises peuvent faire un grand pas vers l’anticipation et la résolution des problèmes liés à la chaîne d’approvisionnement en CI, en tirant parti de leurs processus de fabrication existants et des données associées. En effet, en utilisant des solutions pour extraire les données de leurs processus de fabrication intelligente, elles pourront analyser, traiter et exploiter ces données tout au long du cycle de vie de leurs produits afin d’améliorer la productivité et de réduire davantage les coûts grâce à la transformation numérique.
Si les entreprises peuvent se concentrer sur l’automatisation et piloter leurs usines à distance, elles peuvent maintenir la production, même en cas de nouvelle pandémie ou de toute autre catastrophe ou perturbation majeure. Dans une usine intelligente, les logiciels d’automatisation peuvent collaborer avec l’écosystème de la chaîne d’approvisionnement pour fournir davantage d’informations en temps réel, et les entreprises peuvent agir en conséquence et réagir plus efficacement en cas de crise.
Grâce à l’IoT, tous les employés sont connectés à n’importe quel système, machine ou base de données de l’usine. Lorsqu’il est associé à une plateforme de développement qui ne nécessite d’écrire que peu de code, voire pas du tout, les entreprises peuvent très rapidement obtenir des informations sur leurs données, sans devoir apprendre les subtilités des technologies sous-jacentes. Elles peuvent non seulement créer et partager des tableaux de bord, mais aussi installer des processus sur les téléphones ou appareils mobiles de leurs employés pour leur permettre de réagir en temps réel à propos des tâches qui leur sont affectées. Tous les acteurs de la chaîne ont alors accès aux informations qu’ils doivent connaître en fonction de leur rôle.
La pénurie de CI impose également aux entreprises de rechercher de toute urgence des fournisseurs alternatifs. Cela signifie qu’elles doivent avoir une bonne compréhension de la résilience de leur chaîne d’approvisionnement afin de pouvoir déterminer quelles sont leurs première et deuxième sources et atténuer les risques liés à un changement rapide de fournisseur.
Lorsqu’une entreprise est particulièrement pressée de mettre un produit sur le marché, elle peut être tentée d’ignorer ces questions. Cependant, il est vital pour les entreprises de savoir à quels fournisseurs elles peuvent se fier, pour des raisons de sécurité évidentes et pour éviter de faire confiance à des sources potentiellement non fiables. En outre, les entreprises dont les conceptions de CI représentent leur propriété intellectuelle (PI) doivent tenir compte de la sécurité de cette PI et se méfier des composants contrefaits. C’est l’une des nombreuses raisons pour lesquelles l’origine du composant, de la PI ou de la puce doit être traçable.
En ce qui concerne les composants électroniques, il est également nécessaire que le processus de sourçage s’intègre dans une place de marché numérique intelligente. La pénurie actuelle de composants a clairement mis en évidence la fragilité des chaînes d’approvisionnement et impose de recourir à la transformation numérique et à la prise de décision intelligente. Un solide écosystème de renseignement de la conception à la source (DSI, pour Design-to-Source Intelligence), composé de professionnels de l’ingénierie et de la chaîne d’approvisionnement répartis dans le monde entier, peut transformer la façon dont les entreprises s’approvisionnent et conçoivent et commercialisent leurs produits dans la chaîne de valeur électronique mondiale.
Lorsque toutes ces approches sont utilisées ensemble, elles peuvent non seulement aider les fabricants de semi-conducteurs et de produits électroniques à être plus efficients et à augmenter leur production sans être obligés de renforcer leurs ressources de fabrication, mais aussi et surtout à devenir résilients et capables de réagir de manière proactive lors d’une prochaine crise imprévue.
La transformation numérique est le fondement de l’usine intelligente d’aujourd’hui et de demain, et continuera d’être un puissant catalyseur pour le développement de technologies avancées, de conceptions innovantes et d’une collaboration plus étroite. La numérisation peut permettre à l’industrie de transformer la complexité des conceptions en avantage concurrentiel tout en améliorant continuellement la qualité et la fiabilité. Les entreprises qui s’engagent dans une stratégie de numérisation globale seront les mieux placées pour devenir les chefs de file de l’industrie de demain.
Alan D. Porter, vice-président responsable du secteur de l’électronique et des semi-conducteurs possède 30 ans d’expérience dans le secteur de l’électronique et des semi-conducteurs. Il a occupé des postes de direction dans le domaine de l’ingénierie et a dirigé la stratégie, la planification et le développement chez des constructeurs tels qu’Apple et Huawei.
Fort de son expérience de direction couvrant aussi bien de petites start-up de 5 employés que des divisions de plus de 200 personnes avec un budget de plus de 50 millions de dollars, il est parfaitement à même d’aider nos partenaires à atteindre leurs objectifs de transformation numérique dans le secteur en évolution rapide de l’électronique et des semi-conducteurs.
Alan est également habitué à relever les défis de l’innovation, grâce à son expérience technique approfondie dans les domaines des télécommunications et de l’ingénierie électrique et logicielle et à sa connaissance pratique du cloud computing. Dans le cadre de ses fonctions de direction chez Mentor, Cadence et Synopsys, il a été à l’origine d’avancées technologiques majeures dans le secteur de l’EDA.
Il est également actif au sein d’organisations professionnelles telles que l’IEEE, l’ACM et la GSA.