Depuis le début de l’année, la pénurie de semi-conducteurs et autres composants électroniques a entraîné d’importantes perturbations, allant des fabricants et acteurs de la supply chain, aux distributeurs et aux consommateurs finaux, incapables de se procurer différents produits. Les articles sont épuisés en stock et dans les rayons, les chaînes de production ralentissent, voire s’arrêtent, et les ventes sont en chute libre pour de nombreux produits, notamment dans les secteurs de l’électronique grand public, de la téléphonie et de l’automobile.
Par conséquent, plusieurs grands fabricants de composants ont augmenté leur production pour amortir l’impact de la crise, sans grand succès, puisque la pénurie est loin de prendre fin à court terme. De plus, les différentes vagues du coronavirus et le blocage du canal de Suez ont largement contribué à faire perdurer cette crise.
Selon le rapport CIQ de Supplyframe, les pénuries persisteront jusqu’en 2022 et le marché des puces ne retrouvera son équilibre, entre l’offre et la demande, qu’à partir de 2023. Les délais de livraison pour les composants à haut risque ont enregistré une hausse de 55% en glissement trimestriel, après avoir doublé au troisième trimestre, et 66% des indicateurs tarifaires devraient également augmenter.
Bien qu’à première vue, il semble que les perspectives soient moins sombres, le chemin à parcourir reste long : la production commence à reprendre, mais la demande est si forte et le retard dans les commandes des fabricants et des supply chains si important, qu’il est pratiquement impossible d’y répondre rapidement. En outre, les pénuries de matières premières et de main-d’œuvre ainsi que les hausses de prix sont de plus en plus fréquentes, alors que la demande du marché continue de se multiplier.
Entre le deuxième et le troisième trimestre 2021, presque tous les types de composants ont accusé des baisses, tant au niveau de la phase de conception qu’en production. Les composants électroniques ayant subi les plus fortes baisses sont les oscillateurs (-22% entre le T2 et le T3 2021), suivis des circuits logiques programmables (-20%) et des dispositifs optoélectroniques (-17%). Néanmoins, en comparant la situation entre T3 2020 et T3 2021, la dynamique du marché repasse au vert. Les filtres enregistrent la plus forte hausse, +34 % en glissement annuel, suivis des transformateurs (+33 %) et des connecteurs (+30 %).
En termes de demande, certains composants restent fortement recherchés, ce qui perturbe davantage les chaînes d’approvisionnement. Entre le deuxième et le troisième trimestre 2021, les composants électroniques dont la demande a le plus augmenté sont les dispositifs à fibre optique (+22%), les composants discrets (+15%) et les composants logiques standard (+13%). En glissement annuel, les chiffres sont encore plus révélateurs : Les microcontrôleurs et microprocesseurs sont largement en tête des demandes (+166 % de hausse), suivis par les composants logiques standard (+124 %) et les composants analogiques (+121 %).
De l’autre côté de la supply chain, les entreprises de fret maritime et aérien ne sont malheureusement pas épargnées : leurs capacités, si disponibles, sont limitées, et les prix augmentent continuellement et fortement. Le blocage du canal de Suez y a beaucoup contribué, entraînant d’importants retards pour le secteur du transport au cours du premier semestre de 2021, mais la pandémie a été (et reste toujours) la principale raison : les fabricants frappés par la pénurie des composants et la hausse du coût des matières premières ont été contraints de se livrer à des guerres d’enchères pour assurer leurs cargaisons, ce que les exportateurs ont considéré comme un signal pour augmenter les prix ou annuler les expéditions.
« 2021 fut l’annus horribilis de tous les acteurs du secteur, tant sur le plan commercial que sur le plan humain. Et 2022 ne sera certainement pas meilleure. La dernière édition de notre rapport CIQ a clairement démontré que nous avons encore du chemin à parcourir avant de nous en sortir », déclare Richard Barnett, CMO chez Supplyframe. « Les chaînes d’approvisionnement se révèlent encore très fragiles, nous constatons de plus en plus leurs limites. Il devient nécessaire de repenser nos méthodes de travail et de reconsidérer nos stratégies d’externalisation et de gestion des stocks ».