Le passage de la fabrication à la production mécanisée au XIXe siècle, la popularité croissante de la chaîne de montage au début du XXe siècle et la première vague de numérisation avec l’introduction des ordinateurs dans les années 70. Chaque révolution a été accompagnée d’un changement du monde du travail par l’automatisation successive et partielle des étapes du travail. Par conséquent, chaque avancée technologique s’est accompagnée de la crainte que le travail humain ne devienne obsolète au profit des machines. La quatrième révolution sera-t-elle différente, ou s’agira-t-il d’un processus naturel par lequel nous devrons passer une sorte d’évolution et non une révolution ?
Dans cette industrie 4.0, de nouveaux modèles apparaissent en raison des nouvelles façons dont les technologies modernes créent de la valeur pour les entreprises : la robotique, le Big Data ou l’intelligence artificielle débouchent sur des produits ou des applications totalement nouveaux. Et ce sont précisément ces avancées qui décrivent la principale différence avec la révolution industrielle précédente : il s’agit désormais de mettre en réseau les mondes virtuel-numérique et physique, ainsi que l’apprentissage automatique dans la production.
Cela entraîne inévitablement des changements importants dans le monde du travail : malheureusement, des emplois seront perdus mais de nombreux nouveaux postes seront créés. Selon l’OCDE en 2019, 16,4 % des emplois en France sont susceptibles de disparaître et 32,8 % pourraient être profondément transformés avec l’automatisation des tâches au cours des vingt prochaines années. Pour autant, l’automatisation, lorsqu’elle est utilisée correctement, peut offrir de nombreuses opportunités. Outre l’augmentation de la productivité et la réduction des coûts, de nombreuses entreprises voient des avantages à utiliser l’automatisation pour prendre en charge des tâches répétitives et/ou physiquement difficiles ou dangereuses pour les humains.
Toutefois, une modification dans la division du travail entre personnes et machines est indispensable avec, dans un premier temps, un changement du mode de pensée afin de préparer la modification de leurs tâches. Avec la complexité croissante des machines, les métiers autour de l’entretien, du contrôle et de donneurs d’ordre pour les machines vont devenir centraux. Les capacités de communication de chaque individu seront également indispensables. Ce que nous appelions autrefois les "compétences non techniques" dans les emplois industriels techniques deviennent des critères de plus en plus stricts pour permettre une action rapide et une réalisation efficace des objectifs entre différents spécialistes.
En plus d’une industrie 4.0, nous avons besoin de ressources humaines 4.0. Cela nécessitera la réflexion non conventionnelle suivante : l’automatisation dans l’industrie ramène plus que jamais à l’individu. Les humains ne sont et ne seront pas de simples spectateurs, bien au contraire !