En raison d’un manque de composants tels que les capteurs, les circuits intégrés, les cartes de circuits imprimés ou les LED de l’Empire du Milieu, la production française a subi un revers depuis 2020.
Afin d’éviter de futurs goulets d’étranglement et de mieux résister aux crises, les entreprises envisagent désormais une éventuelle régionalisation de leurs chaînes d’approvisionnement. Toutefois, est-ce réellement la solution à long-terme ?
Sur le papier, l’approvisionnement régional des composants présente certains avantages par exemple, moins de dépendance vis-à-vis de superpuissances comme la Chine ou les États-Unis, et moins d’émissions de CO2 dues au transport. Pour certaines industries, cette régionalisation fonctionne.
Mais pour l’industrie électronique, l‘évolution est paradoxale depuis des décennies : alors que les produits de haute technologie deviennent de plus en plus complexes et puissants, les prix ne cessent de baisser avec des cycles de vie des produits de plus en plus courts, bien que des matériaux et des métaux précieux tels que le lithium ou l’or soient utilisés dans la production d’appareils électroniques. Enfin, les clients finaux attendent des produits de haute qualité livrés directement "le lendemain", ajoutant une pression sur la chaine d’approvisionnement.
Ce sont précisément ces circonstances qui rendent la régionalisation dans le secteur de l’électronique très difficile. Les composants complexes de haute technologie tels que les microprocesseurs, les condensateurs, les résistances ou les piles au lithium sont coûteux à produire et ne peuvent pas être facilement fabriqués en France dans un court laps de temps. Le savoir-faire, les réglementations environnementales et les facteurs de coût tels que les cotisations de sécurité sociale, les prix de l’énergie et les niveaux de salaire sont difficiles à aligner avec les niveaux des fabricants asiatiques ou même d’Extrême Orient à court terme.
Alors de quelles alternatives disposent les entreprises qui dépendent fortement des composants asiatiques ou même américains ? D’autant que la crise est loin d’être terminée et qu’au cours du premier semestre 2021, d’autres chaînes d’approvisionnement mondiales en électronique risquent de connaitre de nouveaux arrêts.
Il faut bien prendre en compte que la situation à laquelle les acteurs sont confrontés n’est pas comparable à des incidents tels qu’un incendie dans une seule usine de semi-conducteurs en Asie. Les réseaux de production et de logistique, finement ramifiés dans le monde entier, sont tous affectés par des goulets d’étranglement et des faillites imminentes, y compris ici en France et en Europe.
A ce titre, l’approvisionnement en composants nécessaires dans les plus brefs délais est indispensable. Pour cela, il faut d’abord identifier les composants critiques des applications, puis dresser l’inventaire de ces composants. De plus, il est important de diversifier ses fournisseurs et de ne pas s’en remettre à un seul fabricant ou fournisseur pour réduire le risque de défaillance.
Compte tenu de la situation actuelle, il semble plus logique de maintenir un stock de composants plus important des principaux composants des produits. De toute évidence, des hausses de prix significatives sont probables à moyen terme après une courte phase déflationniste. Une bonne gestion des risques et de l’obsolescence offre probablement de meilleures chances de surmonter la crise que l’espoir d’une régionalisation des chaînes d’approvisionnement, qui a peu de chances d’être viable d’un point de vue temporel et économique.