Dans cette seconde partie, il passe en revue les technologies habilitantes de la 6G qui sont suivies de près par les experts du secteur, mais qui ne devraient pas être commercialisées en 2025 car elles se heurtent à des obstacles d’ordres technologiques ou économiques.
La gamme de fréquences 2 (FR2), telle qu’elle est désignée par la 3GPP, est déjà utilisée dans le cadre de la 5G, mais le secteur a eu du mal à en assurer la rentabilité. Cette technologie reste coûteuse et il n’y a pas d’application phare pour stimuler son utilisation (et donc réduire son coût grâce à des économies d’échelle). Les normes et l’implémentation doivent également être améliorées pour accroître la fiabilité des liaisons radio (en particulier la gestion intelligente des faisceaux, qui est similaire au MIMO en ce sens qu’elle repose sur des informations précises en temps réel sur l’état du canal et peut également bénéficier du ML). Toutefois, la demande de capacité et de spectre est importante et les fréquences libérées dans la gamme 7-17 GHz ne seront pas suffisantes. C’est pourquoi le FR2, dont une grande partie est allouée mais encore sous-utilisée, peut être un élément nécessaire à cet égard.
Les réseaux sans fil terrestres et non terrestres (NTN) ont bonne presse. Notamment, grâce aux satellites et aux plateformes de haute altitude (HAPS, ballons, avions stratosphériques suborbitaux, etc.) Le but de ces technologies étant d’améliorer la couverture et la fiabilité des réseaux, en particulier en cas de catastrophe naturelle ou de détresse maritime. Ellesreprésentent toutefois un défi :
Des distances d’émission à réception de centaines de kilomètres (et non de centaines de mètres),
La gestion du trafic de données entre plusieurs réseaux disparates
La gestion des interférences compte tenu de la dimension ajoutée à la direction de transmission (pratiquement aucune antenne cellulaire n’oriente les signaux vers le haut ou vers le bas et tous les modèles de canaux radio normalisés ne sont que bidimensionnels).
La possibilité d’utiliser les signaux de communication pour détecter l’environnement suscite également un vif intérêt. La gestion du trafic, des drones, des foules et une myriade d’autres applications sont à l’étude. Le défi est lié à : la fréquence radio, la longueur d’onde, la largeur de bande du signal ou encore à la gestion de la capacité. La fréquence, la longueur d’onde et la largeur de bande des signaux ont une relation directe avec la précision physique et temporelle de la détection. La mise en réserve de ressources radio spécifiquement pour la détection signifie qu’elles ne peuvent pas être utilisées pour les communications.Toutefois, les signaux idoines pour les communications ne le sont pas nécessairement pour la détection. De plus, si la détection et les communications peuvent être effectuées avec le même signal, il n’est pas garanti que la direction souhaitée pour la détection soit la même que la direction dans laquelle le système doit transmettre le signal radio nécessaire. Le travail technique consiste donc à jongler avec ces multiples défis, en plus d’aborder les complexités de l’interférence dans la détection à partir de plusieurs stations de base et d’appareils mobiles. Les modèles commerciaux ne sont pas clairement définis, si bien que l’utilité finale de cette technologie reste à démontrer. Enfin, les sujets intéressent particulièrement les chercheurs, mais leurs possibilités de commercialisation sont encore plus floues
Les propagations à l’intérieur et de l’extérieur vers l’intérieur sont problématiques dans de nombreux systèmes radio. Par exemple, les parkings, les grands bâtiments commerciaux, les centres commerciaux et les stades couverts sont desservis par des systèmes d’antennes distribuées et des répéteurs radio (parfois même par des stations de base indépendantes supplémentaires). La théorie repose sur l’idée que des approches moins coûteuses, utilisant de grandes « surfaces » murales qui utilisent une réflexion intelligente pourraient améliorer considérablement la réception à l’intérieur. Elles seraient suffisamment intelligentes pour s’adapter à des conditions changeantes (personnes, changements de mobilier, déplacement de machines intérieures, etc.) Tout l’enjeu consiste à les rendre peu coûteuses, fiables et flexibles, ainsi qu’à en améliorer les performances. Il reste beaucoup de travail, en particulier pour les rendre abordables.
L’attrait des très grandes largeurs de bande disponibles aux fréquences supérieures à 100 GHz a été tempéré par l’absence de succès commercial des bandes FR2 plus modestes décrites ci-dessus. Cette situation est exacerbée par le fait que le SubTHz est encore plus cher et plus difficile à gérer que le 24-71GHz. La recherche reste importante dans le secteur et dans les universités, mais le SubTHz n’est plus envisagé comme une technologie d’accès radio pour la 6G. Cela dit, il existe des démonstrations importantes et réussies de liaisons « micro-ondes » point à point utilisant la technologie de bande D (110-170GHz). La demande importante de capacité de transmission de données pourrait inciter à investir davantage dans ces fréquences de plus en plus élevées, dans ce domaine et dans d’autres applications de niche. Comme prévu, les technologies à l’étude sont notamment les semi-conducteurs, les antennes, la gestion des faisceaux, le traitement numérique du signal à grande vitesse et même le duplex intégral dans la bande (doublement du débit de données par Tx et Rx en même temps), et comme pour tout, elles sont soumises à des contraintes économiques.