Josh Steimle est président de l’agence MWI spécialisée dans le marketing digital qui a ouvert ses bureaux à Hong Kong, Shenzhen (Chine) et aux États-Unis. Conférencier TEDx et auteur de Chief Marketing Officers at Work, Josh Steimle a signé de nombreux articles sur l’entrepreneuriat et les start-up dans des publications comme Forbes, TechCrunch, Mashable, le South China Morning Post et VentureBeat. Originaire de Los Angeles, Josh Steimle explique les raisons pour lesquelles les entrepreneurs de l’Internet des objets (IoT) doivent anticiper une croissance en 2017.
J’ai fait mes premières armes dans la conception web alors que j’étais encore à la fac. En 2000 époque à laquelle il ne faisait plus aucun doute que le web allait révolutionner nos vies, j’ai créé ma première société Internet avec deux associés. Nous avons commis de nombreuses erreurs liées à la croissance rapide de notre activité : en voulant tout faire pour tout le monde, nous avons perdu notre identité. À un moment donné, nous proposions plus de 20 services sur notre site Web !
Nous avons recentré notre activité sur le marketing en ligne, et depuis, ne proposons plus de services connexes à nos clients qu’à titre exceptionnel. Ce recentrage a payé. De 2013 à 2014, mon associé Corey Blake et moi avons fait croître MWI de plus de 1 000 % et notre équipe s’étoffe rapidement. Nous avons trois bureaux et songeons à nous développer à Singapour, en Australie, en Europe et aux États-Unis.
En principe, un entrepreneur se prépare toujours à croître, mais dans le secteur de l’IoT, plus particulièrement, nous sommes au tout début du développement grand public. En 2014, l’agence conseil Juniper Research publiait un rapport annonçant que les montres connectées détrôneraient les accessoires de sport connectés à l’horizon 2017. C’est bien ce qui est en train d’arriver. Si l’on considère que l’Apple Watch a été commercialisée fin 2015, on peut dire qu’ils étaient visionnaires. Cette même étude prévoyait que le chiffre d’affaires généré par les accessoires vestimentaires connectés franchirait la barre des 50 milliards de dollars américains à l’horizon 2019, soit 10 fois celui de 2014. Or, cela ne représente qu’une catégorie d’objets connectés, il y a encore les appareils ménagers intelligents et tout ce qui se développe actuellement. C’est donc une jolie vague qui approche et sur laquelle les entrepreneurs IoT devraient surfer si ils sont prêts.
En Occident, on assimile l’Asie au centre de production du monde, avec une main-d’œuvre bon marché. Cette idée a quelques décennies de retard. Si l’Asie produit, c’est parce l’Asie sait produire mieux que quiconque. On parle du retour des outils de production en Amérique du Nord, où les robots remplaceraient les êtres humains, mais qui va être à la pointe de la production robotisée ? L’Asie, indéniablement. L’Asie va conserver son avance pour quelques décennies encore dans les domaines de la conception, du développement et du prototypage de produits, mais aussi de la fabrication de pointe à une échelle industrielle. Tout cela joue en la faveur de l’IoT.
Ce qui est intéressant, c’est la combinaison de Hong Kong et du delta de la rivière des Perles, qui englobe Shenzhen. C’est le point de rencontre entre l’Orient et l’Occident. Vous pouvez installer et gérer votre entreprise à Hong Kong, où vous bénéficiez de l’état de droit, d’une culture plus proche de la vôtre et de barrières linguistiques réduites, tout en assurant le prototypage et la fabrication de vos produits à une heure de là, de l’autre côté de la frontière chinoise. Il n’y a d’équivalent nulle part ailleurs dans le monde. Ce sont les raisons qui poussent des accélérateurs d’entreprises comme Brinc et des startup comme Soundbrenner et Kello à établir leur siège à Hong Kong. N’importe quelle autre ville en Chine serait trop coupée de l’Occident, et n’importe quelle autre ville hors de Chine serait trop coupée de la Chine. C’est une combinaison unique sur le plan géographique, des compétences et des ressources.
Cela vous semblera peut-être anecdotique, mais le débit Internet est un facteur primordial. Avec la « Grande muraille pare-feu de Chine », de nombreux sites et services Web, tels que Facebook, Twitter, Dropbox, Gmail et Google Docs ne peuvent pas fonctionner. D’accord, vous pouvez y accéder via un VPN, mais le débit restera très faible. Si l’on additionne tout le temps passé en Chine à attendre qu’un site s’affiche ou qu’un fichier se télécharge, on atteint vite une perte quotidienne de l’ordre de 30 à 50 % en termes de temps connecté. D’ici à ce que vous transfériez de gros fichiers de conception de produits, et une installation en Chine perd beaucoup de son attrait. Beaucoup de gens le font quand même et s’en accommodent, mais certains d’entre eux finissent par faire la navette entre Shenzhen et Hong Kong juste pour bénéficier d’une connexion Internet plus rapide c’est vraiment important.
Hong Kong accueille en outre de nombreux salons, dispose d’un bassin d’investisseurs en constante expansion et possède un avantage linguistique, puisque la plupart des Hongkongais parlent anglais. De plus, les entrepreneurs étrangers y bénéficient d’une protection juridique plus forte. Mais ce qui est vraiment bien, à Hong Kong, c’est que l’on peut y habiter et y gérer une partie de son activité et l’autre en Chine bref, on cumule les avantages.
Hong Kong manque de talents techniques et créatifs et doit donc faire évoluer son système éducatif ainsi que sa politique d’immigration et culturelle. Il faut enseigner la programmation, l’art et la pensée critique dans les écoles. Le gouvernement prend des mesures pour faciliter l’installation et le travail des entrepreneurs à Hong Kong, ce qui est une très bonne chose, mais il faut accueillir plus d’entrepreneurs étrangers, pour qu’ils s’installent et transmettent leur expertise. Les parents doivent encourager leurs enfants à prendre des risques plutôt qu’à se cantonner dans des emplois « sûrs ». La finance et l’immobilier ont beaucoup contribué au succès de Hong Kong par le passé, mais ils ne sont plus des secteurs d’avenir. L’avenir est aux entrepreneurs.