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Le Groupe CIMULEC, entretien avec Laurent Bodin

Publication: Juillet 2015

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Le Groupe CIMULEC, un fabricant de circuits imprimés français spécialisé depuis 36 ans dans la fabrication de CI à haute fiabilité...
 

Alain MILARD : Laurent BODIN, vous êtes le Directeur Général du Groupe CIMULEC. Jean-Pierre LUCAS a créé en 1979 l’usine de fabrication de circuits imprimés CIMULEC ; Quelles ont été ses motivations ?

Laurent BODIN répond : Jean-Pierre LUCAS a toujours été porté par l’esprit d’entreprendre. Alors ingénieur chez Dassault Electronique dans le domaine des microcircuits en couches épaisses, Jean-Pierre LUCAS a eu l’opportunité de se voir accompagné par l’entreprise Dassault Electronique à la fin des années 70. Cette dernière s’était engagée dans les plans de décentralisation visant à favoriser la création d’emplois en régions. Pour Jean-Pierre LUCAS, féru d’électronique et visionnaire avant tout, ce fut le déclencheur qui lui permis le démarrage d’une activité de fabrication de circuits imprimés spéciaux à destination des secteurs MIL-aéro.

Alain MILARD : En 1998 vous avez créé la société CSI sud-ouest à Toulouse. Etait-ce pour vous rapprocher de vos clients dans le domaine de l’aéronautique ?

Laurent BODIN répond : Anciennement SOTRACIM, cette société était dans une situation difficile en raison d’un retard important d’investissements, mais était composée d’une équipe dynamique et compétente. De plus, Aérospatiale Toulouse, le premier client de l’entreprise CIMULEC, envisageait la fermeture de son atelier intégré de circuits imprimés. Cette réelle opportunité répondait à un besoin de croissance pour CIMULEC . La multitude des bureaux d’études et PME du secteur électronique dans le grand Sud-ouest allait enfin permettre à Jean-Pierre LUCAS de combiner la fabrication de prototypes chez CSI et la réalisation des séries chez CIMULEC.

Alain MILARD : En 2014 vous intégrez au Groupe CIMULEC la prestigieuse entreprise SYSTRONIC qui avait été créée en 1969 par monsieur WESTPHAL, basée en région parisienne et détentrice des qualifications CNES et ESA. Cette intégration a-t-elle pour but de renforcer votre position dans la fabrication de cartes à haute fiabilités dans les domaines de l’aéronautique et du spatial, et de ce fait, accroître vos ventes en Europe ?

Laurent BODIN répond : Effectivement, et nous sommes en totale adéquation avec l’analyse de Bernard Bismuth rendue à la demande d’Acsiel , qui rappelle que seules les entreprises ou groupes de plus de 50 salariés auront les moyens d’aborder le futur et que cela devra se faire par des regroupements d’entreprises. Le Groupe CIMULEC à toujours souhaité poursuivre son développement et proposer une offre globale pour les secteurs militaire, aéronautique et spatial. L’intégration de SYSTRONIC, dont l’activité est très complémentaire de celles de CSI et CIMULEC, permet d’atteindre cet objectif. En complément, CIMULEC Groupe devient un acteur de premier plan européen sur ses marchés. C’est aussi un engagement dans la poursuite de notre projet industriel, source de confiance pour nos clients et ceux de SYSTRONIC, et de futurs développements pour les marchés exports. Notre groupe est aujourd’hui un trio de PME à vocation technologique pour servir les besoins de l’électronique professionnelle utilisée en environnement sévère (excursions thermiques, vibrations, …). Le savoir-faire et les compétences de nos équipes permettent d’accompagner nos clients dans leurs développement avec des exigences fortes et des critères de qualité et de fiabilité non négociables.

Alain MILARD : N’existe-t-il pas une redondance entre ces trois sites de fabrications ?

Laurent BODIN répond : Au contraire, là où d’autres doivent faire face à des situations de recouvrement, il existe une vraie complémentarité pour les 3 sites de fabrication de CIMULEC Groupe. Cela permet à chacune des unités de conserver son identité propre tout en développant les synergies, et ceci dans l’objectif de mieux servir l’ensemble du marché. Les complémentarités de CIMULEC Groupe peuvent être exprimées en termes de portefeuilles clients, de technologies, de compétences et de savoir-faire, de moyens industriels, de présences nationale ou export et enfin de réalisations prototypes, délais courts ou séries. Cet ensemble consolidé procure des opportunités pour assurer la pérennité des trois usines, renforcer la présence nationale, développer les activités export et adresser les challenges technologiques futurs. L’existence des trois sites permet également de garantir aux clients une poursuite d’activité en cas d’incident. Les incendies qui ont eu lieu dans des usines de circuits imprimés françaises ou européennes montrent que cette hypothèse peut malheureusement devenir une réalité.

Alain MILARD : 30% de votre chiffre d’affaires est réalisé à l’export, avez vous mis en place des agences, et si « oui », dans quels pays ?

Laurent BODIN répond : Pour l’activité export, nous travaillons essentiellement avec des représentants et nous couvrons aujourd’hui l’Allemagne, l’Italie, la Suède, la Russie, Israël et l’Inde. L’Espagne, l’Angleterre, la Turquie et le Danemark sont suivis directement par notre équipe commerciale. Nous avons également un VIE (Volontariat International en Entreprise), basé à Montréal, qui couvre le Canada.

Alain MILARD : Recherches et Développement. Quels sont les moyens que vous avez mis en place pour accompagner au mieux vos clients dans le développement de cartes complexes ?

Laurent BODIN répond : De tout temps, CIMULEC a participé à des programmes d’études circuits imprimés que soit au niveau national (programmes DGA, R&T CNES ou privés directement avec des OEMs) ou encore européens. Ces programmes nous permettent d’appréhender et de préparer les développements des technologies complexes. Ces dernières années, les grands thèmes que nous avons pu aborder et sur lesquels CIMULEC Groupe poursuit ses travaux concernent la fiabilité des cartes nues, la densification des circuits imprimés pour environnements sévères, la gestion de la thermique ou encore l’enfouissements de composants dans des structures circuits imprimés. Pour suivre l’ensemble de ces travaux, nous avons mis en place une structure Etudes et nos usines disposent de personnels à compétences fortes pour dialoguer avec nos clients sur l’ensemble des sujets circuits imprimés.

Alain MILARD : En 2010 vous avez participé à la mise en place du programme « MEREDIT ». Quels en sont aujourd’hui, les profits technologique, sociétal et financier pour le Groupe CIMULEC ?

Laurent BODIN répond : Le Groupe CIMULEC a été un acteur de la création de MEREDIT et y participe aujourd’hui en tant que membre fondateur avec ses partenaires Groupe ELVIA PCB et GTID Protecno. Pour rappel, le projet MEREDIT, soutenu par l’état dans le cadre des investissements d’avenir, consiste à mutualiser au sein d’un GIE des moyens humains et techniques pour accroître la compétitivité de la filière française et accélérer les développements au profit de ses clients. Les objectifs du projet visent le renforcement de la compétitivité et de l’attractivité des fabricants de circuits imprimés français par la mutualisation des efforts d’industrialisation à travers la création d’un centre d’industrialisation commun et le renforcement de la compétitivité des acteurs français, gage de la pérennité de la filière, afin notamment de garantir l’indépendance du territoire national sur le marché aéronautique et spatial. Un premier profit pour CIMULEC Groupe a été le rapprochement et la consolidation avec SYSTRONIC. Les actions engagées, souvent de longue durée, par le GIE sur les thèmes des développements technologiques, de la performance industrielle ou encore de la formation auront des effets bénéfiques pour l’ensemble des partenaires. L’intérêt des différents acteurs de la filière électronique française pour MEREDIT ne cesse de progresser et nous devons poursuivre nos efforts pour rassembler autour de ce programme.

Alain MILARD : Le Groupe CIMULEC fait partie des entreprises ayant investi dans des matériels ces dernières années. Cela semble être une volonté récurrente du groupe bien que le marché soit difficile.

Laurent BODIN répond :Comme je l’ai mentionné plus haut dans cet entretien, notre projet est à vocation industrielle avec une volonté forte de développer et pérenniser l’activité de nos différents sites. L’investissement est donc une nécessité, que ce soit pour maintenir les outils de production, permettre l’accès aux nouvelles technologies ou encore répondre aux besoins de performances exprimés par nos clients. La fabrication des circuits imprimés fait appel à une séquence d’opérations très diversifiées et souvent en grand nombre. Un circuit imprimé peut être vu comme une combinaison de plusieurs briques élémentaires, chacune faisant appel à des moyens spécifiques. Par exemple, les technologies HDI séquentielles requièrent à minima de disposer d’un équipement de perçage laser pour la réalisation des microvias et des nouvelles générations d’imageries directes pour maîtriser la définition et la qualité des images, ou encore respecter les spécifications de registration des différentes couches. La productivité est également un critère important : avec l’augmentation exponentielle du nombre de trous dans les circuits imprimés, il est préférable d’utiliser une perceuse de dernière génération qui peut percer plus de 600 trous par minute et dispose de toutes les options « Contact drill » pour travailler en axe Z contrôlé. Pour répondre aux besoins du marché, il est donc indispensable d’avoir une politique d’investissements continue et à long terme.

Alain MILARD : Il y a quelques années, lors d’une précédente interview, vous avez lancé un appel auprès de vos clients en leur suggérant de vous confier des fabrications de circuits imprimés de technologies classiques pour vous permettre d’avoir les moyens de fabriquer des circuits à haute technologie. Cet appel est-t-il toujours d’actualité ?

Laurent BODIN répond : C’est un facteur clé pour la stabilité de notre process mais également pour la rentabilité des fabricants « High Mix, Low volume ». Contrairement à une idée reçue, un fabricant spécialisé dans la fabrication de circuits à forte valeur ajoutée à une capacité d’ajustement de ses prix en fonction des technologies et du niveau d’exigences demandés. Nos outils industriels sont en capacité d’absorber les demandes sur les technologies éprouvées.

http://www.cimulecgroup.com/fr/

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